mercredi 12 novembre 2008

La Culture, la Religion et la Science

Sujet : La culture, la religion et la science.
Débat autour de quelques questions sensibles du moment : bioéthique et archéologie biblique.

Résumé : J’avais voulu intituler ma conférence : « La morale dans la science. »
J’ai eu crainte que les gens n’y mettent le holà, rien que de savoir qu’on va leur parler de la morale…leur faire la morale ! Qu’est-ce que la morale vient faire dans la science ?

*En effet, depuis qu’a été créé en France le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) en 1983, les questions relatives à l’euthanasie, à l’assistance médicale à la procréation, la contraception, l’avortement, le don de gamètes ou d’embryons… les questions de clonage humain, de diagnostic prénatal ou préimplantatoire ont franchi la limite des questions embarrassantes pour la morale religieuse. Elles sont devenues objets de réflexion de la bioéthique à cause de leur potentiel eugéniste. Un quart de siècle (1983-2008) après, quelles évolutions et quelles lumières dans la conscience des citoyens et des chrétiens ? Quel impact ces questions ont-elles pour les citoyens et chrétiens de cultures non occidentales ; et au sein même de la culture occidentale, entre différentes couches de la société ? Qu’est-ce que l’homme pour qu’il se soucie de lui-même ?

*Après le succès phénoménal du roman de Dan Brown et du film qui s’en est suivi : Da Vinci Code, l’archéologie biblique et la curiosité sur le personnage d’un certain Jésus fils de Joseph posent un autre genre de questions sur le lien entre la science et la religion. A-t-on retrouvé le tombeau de Jésus ? Les découvertes scientifiques viennent-elles contredire ou confirmer les vérités religieuses ? Partant des positions personnelles de certains scientifiques sur la science et la religion, quel recul prendre devant ce qui paraît bouleverser notre foi ? [Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Pantagruel, chapitre VIII) ; Albert Einstein : « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle »]


Corps de la conférence

Heureux d’être parmi vous pour un temps de partage et d’échange, je voudrais commencer par remercier les organisateurs de ces soirées de mardis d’été, notamment Mr l’abbé Marc Langlois qui a pris les premiers contacts avec moi, sans oublier André Damay qui m’a présenté à lui au détour d’une pause café au Centre Saint François de Sales Amiens. Merci à vous qui êtes venus m’écouter ce soir. Rassurez-vous, mon exposé restera simple et à la portée de tous du fait que le sujet que j’ai choisi, comme l’écologie, concerne l’avenir proche de notre société.

Pour situer l’angle d’attaque de mon intervention, je voudrais commencer par une anecdote, un proverbe et une citation.

1. Anecdote

On raconte qu’un jour un disciple de Confucius, lui montrant une pomme, pose cette question :
- Maître, comment pèle-t-on ça ?
- Confucius lui répond : On l’appelle pomme.
- Je sais qu’on l’appelle pomme, mais je voudrais savoir comment on la pèle.
- Dis-moi pourquoi tu veux la peler je te dirai comment on la pèle.

2. Proverbe et citation :

* « Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi, regarde d’où tu viens » (proverbe éthiopien)

* « Pour éviter la guerre, il faut commencer par définir le sens des mots. » (Confucius, dictionnaire des citations)


La culture, la religiosité, les religions et les sciences. Débat autour de quelques questions sensibles du moment : bioéthique et archéologie biblique.

J’avais voulu intituler mon exposé : « La morale dans la science. »
J’ai eu crainte que les gens n’y mettent le holà, rien que de savoir qu’on va leur parler de la morale…leur faire la morale ! Qu’est-ce que la morale vient faire dans la science ?

*Nous savons que le développement de la science et de la technique a fait entrer l’homme dans une connaissance pointue des éléments constitutifs de la vie. Cependant, plus ces secrets de la vie se dévoilent, plus l’homme prend conscience de ses limites et plus il s’interroge sur le sens de son existence. C’est à ce niveau qu’intervient l’éthique dans la science : je sais comment faire, est-ce que je dois, est-ce que je peux sans m’interroger sur le pourquoi ? Les récents débats autour du Téléthon et du clonage de Jésus de Nazareth en sont une illustration. Les questions relatives à l’assistance médicale à la procréation, la contraception, l’avortement, le don de gamètes ou d’embryons… les questions de clonage humain, des cellules souches, de diagnostic prénatal ou préimplantatoire et de l’euthanasie ont franchi la limite des questions embarrassantes pour la morale religieuse. Elles sont devenues objets de réflexion de la bioéthique à cause de leur potentiel eugéniste.

Un quart de siècle après la création en France d’un Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), quelles évolutions et quelles lumières dans la conscience des citoyens et chrétiens que nous sommes? Quel impact ces questions ont-elles pour les citoyens et chrétiens de cultures non occidentales ; et au sein même de la culture occidentale, entre différentes couches de la société ?

N’étant ni biologiste ni médecin, je ne vais pas m’attarder sur le côté purement scientifique de toutes ces questions majeures pour l’avenir de notre société. Ma démarche fondamentale est d’ordre philosophique, théologique et historique. Celle du psalmiste qui se demande : « Qui donc est l’homme ? A quoi est-il appelé ? Jusqu’à quelle limite faut-il soulager la souffrance ? Où risque de nous emmener la science sans conscience ? En quoi la religion est-elle un bouclier ? En quoi peut-elle devenir un obstacle ? Pourquoi nos actes vitaux sont-ils appréciés différemment suivant qu’on est riche ou pauvre ? Plus instruit ou moins instruit ? Suivant qu’on est né en chine ou en France, En Argentine ou au Kenya, au Cameroun ou au Congo ?

J’ai divisé mon exposé en trois parties :
*Dans la première partie, je voudrais vous parler de ce qui fait l’homme depuis qu’il est homme : La culture et la religiosité.
*Dans la seconde partie, je voudrais vous parler de ce que fait l’homme pour répondre à toutes ces questions vitales et pour se stabiliser : Les religions et les sciences.
*Dans la troisième partie, je voudrais vous parler de ce qu’est l’homme et ce qu’il devient, après la maîtrise de la vie grâce aux développements de la science et de la technique :
La conscience (la morale dans la science).


I. CE QUI FAIT L’HOMME : LA CULTURE ET LA RELIGIOSITE

Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi, regarde d’où tu viens. Ce proverbe éthiopien a été repris par Régis Debray qui écrit ceci : « Connaître ses racines, permet de voyager l’esprit tranquille et les yeux bien ouverts ».

En effet, les philosophes existentialistes du 19ème et 20ème siècle (Martin Heidegeger et Sorein Kierkegaard en Allemagne ; Jean-Paul Sartre et Gabriel Marcel en France,) ont défini l’homme comme étant « l’être jeté dans la nature – le da sein ». Jeté comme un grain ou comme un plant, il prend racine au contact de l’humus, la terre, la chair... Il devient un être de culture au sens agraire, mais surtout au sens intellectuel et spirituel à partir des structures sociales et des manifestations artistiques. A la différence de l’animal qui n’est qu’humus et amas de chair, la culture fait de l’homme un être rationnel et insatiable de religiosité. Religiosité étant entendue comme disposition pour les sentiments religieux en dehors de toute religion particulière.

A l’instar de l’agriculture, culte et culture procèdent d’un même verbe latin, colere, qui veut dire développer avec soin, prendre souci, faire honneur. La culture peut donc se définir comme ‘ce qui reste d’un culte quand nous ne le pratiquons plus.’ Dans ce sens, les racines fondamentales de l’homme sont la culture et la religiosité.

L’homme est un animal cultuel et culturel. La culture est la meilleures des choses qui restent quand on arrête de pratiquer le Culte. Le professeur Jean-Michel Djian le faisait encore remarquer récemment dans un article dans ouest France du 18 juillet 08 : « A l’heure où les nouvelles générations ont définitivement intégré, dans leur pratique sociale, la consommation de musique et d’images enregistrées, l’idée de se rassembler physiquement dans un festival semble se confondre avec celle de la « communion », d’une quête collective de sens ou d’altérité que rien n’arrête… » Il cite un philosophe laïque, Marcel Gauchet qui écrivait dans Les Cahiers de la Musique d’octobre 2006 que

« pour beaucoup de gens, aujourd’hui, la vie dans l’art est un moyen de vivre religieusement sans se l’avouer. » Sinon, comment expliquer la troublante coïncidence entre l’origine de nombreux festivals avec des périmètres régionaux à fortes pratiques religieuses ? A commencer par Avignon où, dès 1945, Jean Vilar trouve le moyen d’installer l’emblématique festival de théâtre au cœur même du Palais des Papes. Sait-on que la Bretagne est la première terre festivalière rapportée au nombre de ses habitants ? Si le spectacle et le patrimoine n’ont plus guère de rapports avec la fièvre spirituelle d’antan, il est intéressant de constater que la seule la fraicheur des églises n’explique pas l’engouement du public estival pour les manifestations toujours plus nombreuses qui s’y déroulent… La culture occupe la place, récupérant au passage, comme de rien n’était quelque poussière du prestige d’une gloire passée… L’ancien ministre des affaires culturelles gaulliste, André Malraux, qui, dans les années 1960, disait vouloir installer, dans chaque département, des «cathédrales de la culture ? »

C’est à partir de ces deux fondamentaux, culture et religiosité, que se sont développées progressivement l’idée de la politique en tant que l’art de gérer les affaires de la communauté et celle de la civilisation en tant que culture de l’esprit (instruction et éducation). Selon une certaine conception, la religion elle-même représente la dimension transcendante de la culture et donc son âme. Toutes les deux sont dépendantes et tributaires de leur environnement géographique et sociologique. Elles diffèrent donc selon qu’on est plus ou moins instruit, plus ou moins riche, né en Asie, en Europe ou en Afrique…


II. CE QUE FAIT L’HOMME : LES RELIGIONS ET LES SCIENCES

Les actes culturels et cultuels concrets que pose l’homme deviennent eux-mêmes aussi tributaires de cet environnement géographique, social et économique. Dès lors, la religiosité s’extériorise en religions au pluriel, l’instruction et l’éducation génèrent les sciences et développent de la technique.

A. Recours aux religions.

Plus l’homme progresse, plus il se pose des questions, plus il cherche la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine qui troublent profondément son cœur : qu’est-ce que l’homme ? Quels sont les sens et but de la vie ? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi la mort ? Comment venir à bout de la souffrance, comment vaincre la mort… ? Toute réponse appelle une nouvelle question.

Confronté en permanence à ce qui divise et casse l’harmonie (diabolon – diable), et l’éloigne du bonheur, l’homme cherche en permanence ce qui relie le visible et l’invisible, l’extérieur et l’intérieur. C’est le recours à la religion, du latin religere. Cette recherche a des moments de haute et de base intensité suivant des époques et du vécu le l’homme.

C’est cette évidence qui avait fait dire à Malraux, en 1955 que « le problème capital de la fin de siècle sera le problème religieux.» Cette prophétie paraissait utopique devant l’effondrement de la foi et de la piété dû au mouvement de la sécularisation et au développement des sciences exactes, avec leur technologie bouleversante. L’actualité lui donne pourtant raison. Plus le technique pénètre les secrets de la vie et de l’univers, plus la religiosité s’accroît, plus aussi les religions se multiplient à travers le monde.

Une étude faite en 2005 dénombre 9900 religions distinctes sur la planète, un nombre qui augmente de deux ou trois nouvelles religions par jour. Dans cette recrudescence, il y a un basculement du centre de gravité du monde chrétien du Nord au Sud où les églises indépendantes, les pentecôtismes et même les grands mouvements charismatiques s’étendent très rapidement. En octobre 1999, Odon Vallet, historien des religions, écrivait : « Dieu a changer d’adresse. » Avec 1,7 milliard de baptisés, le christianisme demeure la première religion mondiale ; le nombre de chrétiens progresse parallèlement à la population de la planète. La bonne implantation du christianisme dans les régions à forte natalité, (Asie, Afrique, Amérique latine) compense son déclin en Europe.

Le redéploiement du christianisme est spectaculaire. En 1939, les premiers pays catholiques du monde étaient la France, l’Italie et l’Allemagne (qui avait annexé l’Autriche). Aujourd’hui, ce sont le Brésil, le Mexique et les Philippines. Le premier pays protestant du monde (les Etats-Unis étant le premier en 1939) est désormais le Nigeria, à égalité avec l’Allemagne. Et la majorité des anglicans sont des Noirs (d’Afrique, d’Amérique ou d’Océanie).
Ce redéploiement du christianisme n’exonère pas les nouveaux croyants des leurs anciennes attitudes et caractéristiques tributaires de l’environnement socioculturel, géographique et historique dans lequel ils se trouvent. Les études faites par les sociologues et historiens des religions, notamment celles de Mircea Eliade, révèlent trois attitudes de foi fondamentales :
La convocation, attitude qui consiste à ‘interpeller’ son dieu par tous les moyens, y compris par la magie, pour résoudre les problèmes des hommes, tout de suite. C’est l’attitude des religions dites animistes en Afrique, en Amérique, en Australie et même en Asie. Les personnages clés sont le guérisseur, le médium, le devin, le chaman, le prêtre, le sorcier ou la sorcière.

L’invocation qui consiste à ‘s’abstraire’ des soucis de ce monde par des exercices de mortification, surtout par l’ascèse, afin d’atteindre au plus tôt le ‘nirvana’ (extinction, destruction du désir et de la souffrance, qui met un terme à la transmigration). C’est l’attitude des religions orientales d’origine indienne : l’hindouisme, le bouddhisme et leurs ramifications.

L’évocation qui consiste à ‘faire mémoire’ d’un Dieu partenaire de l’homme, un Dieu en chemin avec les hommes, un Dieu qui se fait homme. C’est l’attitude des religions d’origine sémitique, judaïsme, christianisme et islam où la figure du prophète charismatique est centrale, non pas comme référence absolue, mais comme instrument par lequel Dieu révèle sa volonté. La révélation se fait dans l’histoire de ce monde et dans

l’acceptation de la matière comme essentiellement bonne. Le monde est bon mais pécheur. Il faut chercher sa rédemption et sa transformation.

L’approfondissement fait par des études complémentaires montre qu’il y a, d’une part, dans les religions d’invocation des attitudes de convocation et d’évocation, et vice versa, et d’autre part, avec la mondialisation, des croyants culturellement liés à une attitudes donnée se convertissent à une religion liée à une autre attitude. Il se produit tout naturellement en eux un effort d’inculturation au travers d’une synchronisation des valeurs spirituelles et des rites cultuels.


Le schéma ci-dessous résume ces trois attitudes fondamentales.



B. Recours aux sciences et aux idéologies philosophiques
Le paradoxe de l’engrainage ascensionnel et conflictuel entre diabolon et religare est que chaque réponse trouvée appelle une nouvelle question. Chaque lien appelle une nouvelle séparation. D’où la nécessité d’un troisième élément : le sumbolon étymologie du mot « symbole » qui renvoie à un objet qu’on à séparé en plusieurs morceaux et dont la réunion des pièces offre un signe de reconnaissance.

C’est au travers des jeux spirituels du diable, de la religion et du symbole que naît l’alchimie, cette science occulte qui a connu un grand développement du 12ème au 18ème siècle et précurseur de la médecine moderne. C’est déjà dans l’intuition du symbole que sont nées les sciences comme la géométrie (v.1050-725 av. J.-C.), l’astrologie comme art divinatoire, qui développera l’astronomie comme science…

Le 19ème et 20ème sont les siècles de l’éclosion progressive des sciences humaines, des sciences de la vie et de la santé… siècle du grand développement de la technique. Ils sont loin les temps de la métaphysique et de la théologie. Auguste Comte avec sa philosophie positive (1830-1857) inaugure l’ère de la sociologie, Karl Marx fustige la religion, opium du peuple, il élabore le matérialisme scientifique c’est-à-dire la théorie scientifique de toutes les sciences sociales…

Friedrich Nietzsche proclame la mort de Dieu, établit sa philosophie de la volonté de puissance…Freud Sigmund, médecin autrichien, fonde la psychanalyse sur la base qu’à l’origine des troubles névrotiques se trouvent dans les désirs oubliés en rapport avec le complexe d’Œdipe, et qu’ils sont inconciliables avec les autres désirs ou avec la morale. Que ces désirs refoulés continuent à exister dans l’inconscient mais ne peuvent faire irruption dans la conscience qu’à condition d’être défigurés….

Jean-Paul Sartre affirme la liberté de l’homme sans Dieu… L’archéologie biblique, de son côté, confirme et/ou infirme certaines vérités bibliques considérées jusque là comme inattaquables…Les soixante-huitards enterrent toute référence à la morale : « il est interdit d’interdire », Armstrong pose les pieds sur la lune, petit pas pour l’homme, grand pas pour l’humanité… Le développement de la technique prend un grand essor…Les progrès dans le domaine des sciences de la vie dote les êtres humains d’un nouveau pouvoir pour améliorer la santé et contrôler les mécanismes de développement de toutes les espèces vivantes : recherche des cellules souches, tests génétiques, clonage…



Le 20ème siècle aura été le siècle de la vitesse, des records et de l’individualisme : téléphone, télévision, avions supersoniques, formule1, autoroutes, Internet, I phone, le TGV est 380km/h, la maturité précoce des nourrissons… Que dire du 21ème siècle vieux de 8 ans ? Faut-il plus de « radars » pour nous obliger à lever le pied ? Je suis jeune chercheur croyant, chrétien et prêtre. En interprétant les paramètres que présente l’évolution du monde dans certains domaines scientifiques et sociologiques, ma thèse va dans la confirmation de la prophétie de André Malraux que j’ai précédemment cité.

C. Besoin de merveilleux

Plus la science progresse, plus l’homme a besoin de rêves et de mythes. Plus le monde devient codé, plus nous cherchons à lui redonner son aura magique. Tel est le grands paradoxe de notre ultra modernité : l’être humain a autant besoin de raison que d’émotion, de science que de mythe, d’arguments que de symboles, tout simplement parce qu’il n’est pas qu’un être de raison, il est aussi spirituel. Voilà ce qui redonne raison à Malraux.

L’homme redevient un être mystérieux. Il se relie au monde par son désir, sa sensibilité, son cœur, son imaginaire aussi bien que par la science. Il se nourrit de rêves autant que d’explications logiques, de poésie et de légendes autant que de connaissance objective. Le psychiatre suisse, Gustav Carl Jung (1875-1961), proche disciple de Freud, avait déjà donné l’explication de ce phénomène il y a un demi-siècle.[Psychologie et religion ; Psychologie et alchimie]

La tentative du ré enchantement du monde auquel nous assistons aujourd’hui s’explique par le fait qu’il à été désenchanté par le scientisme européen hérité du 19ème siècle. On a cru pouvoir éradiquer le part irrationnelle de l’homme et tout pouvoir expliquer selon la logique cartésienne. On a méprisé l’imagination et l’intuition. On a relégué le mythe au rang de fable pour enfant. C’est cela qui explique les succès littéraires et cinématographiques de la dernière décennie : Harry Potter, Da Vinci Code, le Seigneur des Anneaux, l’Alchimiste… Ou le documentaire de Simcha Jacobovici sur le chantier au sud de Jérusalem, à Talpiot où il prétend retrouver le tombeau de Jésus et le reste de son corps dans les ossuaires. Toute cette littérature et documentaires cinématographiques répondent au besoin de merveilleux qui caractérise l’homme de cette fin du 20ème siècle.

Frédéric Lenoir dit justement que les Eglises chrétiennes ont en partie emboîté le pas à la critique rationaliste. Elles ont privilégié un discours dogmatique et normatif – faisant appel à la raison – au détriment de la transmission d’une expérience intérieure – liée au cœur – ou d’une connaissance symbolique qui parle à l’imaginaire.




III. CE QUE DEVIENT L’HOMME : UNE CONSCIENCE


A. Intérêt pour ce qui est mystérieux

Lorsque Malraux, l’ancien ministre de la culture du générale de Gaulle fait allusion au retour du religieux : « le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux », il n’entendait pas un retour massif dans nos églises, temples ou mosquées, il attendait l’avènement d’une religiosité, c’est-à-dire d’une spiritualité aux couleurs de l’homme, une spiritualité qui est peut-être en germe, mais qui est encore bien étouffée en ce début du 21ème siècle par la fureur du choc des identités religieuses traditionnelles.

L’homme est de nature religieux, il aspire à redevenir une conscience. Le philosophe Spinoza disait déjà de lui-même : « je suis une conscience parce que mon esprit et mon corps sont de nature différente. »

Frédéric Lenoir pense qu’il ne faut pas que les Eglises et institutions religieuses aient peur de l’engouement pour les œuvres comme Harry Potter, les œuvres de Dan Brown ou les découvertes des archéologues bibliques. Il n’est que le reflet d’un désir profond refoulé.

Les lecteurs de Dan Brown sont essentiellement des chrétiens qui vont chercher dans ces polars ésotériques la part de mystère, de mystique et de symboles qu’ils ne trouvent plus dans leurs églises. Les fans du Seigneur des Anneaux, comme les lecteurs assidus de Bernard Weber, sont bien souvent de jeunes adultes qui ont une bonne formation scientifique et technique, mais qui sont aussi en quête d’univers féeriques s’inspirant d’autres mythologies que celles de nos religions avec lesquels ils ont pris de sérieuses distances. Les Eglises devront saisir la balle au bond pour se remettre elle-même en question et approfondir leur enseignement moral et théologie.

Les lecteur du Da Vinci code peuvent se laisser émouvoir par la magie romanesque et par celles des grands mythes de l’ésotérisme (le secret des Templiers…), sans prendre pour argent comptant les thèses de l’auteur et réfuter la connaissance historique au nom d’une théorie du complot totalement fictive. Autrement dit, tout est une question de juste équilibre entre désir et réalité, émotion et raison. L’homme a besoin de merveilleux pour être pleinement humain, mais ne doit pas prendre ses rêves pour la réalité. (Le monde des religions, juillet-août 2005 n°12)

C’est dans cette perspective qu’il faudra aussi comprendre la naissance de la bioéthique en tant que recherche de normes morales applicables aux sciences du vivant, y compris la médecine. L’homme devient par ce moyen, la conscience de l’humanité et de l’univers à partir de sa propre science qui peut les détruire comme elle sait les construit.


B. Naissance de la bioéthique

La science en elle-même n’a pas pour tâche de définir les valeurs humaines. Elle doit être confrontée aux autres sciences, notamment aux sciences humaines, et l’homme en tant que conscience (avec la science), doit aborder la question du sens et des conséquences des progrès scientifiques et technologiques. Les années 1980 ont été sur ce point, des années de réveil de cette conscience hibernée pendant les siècles de Lumières.

La bioéthique est une partie de l’éthique. Le terme « éthique » provient du grec êthos qui, comme le latin mores, renvoie au comportement, aux mœurs. Il s’agit donc, au sens strict, des comportements qu’il faut avoir dans le domaine des sciences de la vie et de la santé. De plus, la bioéthique a vocation à être pluridisciplinaire, puisque sa portée s’étend aussi bien à la médecine et à la biologie qu’à la philosophie, au droit, à la théologie, etc.

Depuis 1982, avec la première naissance par Fivete (fécondation in vitro et transfert embryonnaire), la question de l’assistance médicale à la procréation est devenue l’un des premiers objets de réflexion de la bioéthique, à cause de son potentiel eugénique. C’est ainsi qu’est né en France, le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) créé en 1983.

En plus de la FIV, il y a la contraception, l’avortement, le don de gamètes ou d’embryons, l’hypothèse d’une gestation de l’embryon humain par des espèces non humaines, les questions de clonage humain, le diagnostic prénatal ou préimplantatoire et thérapies géniques, l’eugénisme (stérilisation d’handicapés mentaux et de personnes à risque génétiques…, statut juridique de l’embryon et du fœtus, lié à la dignité de la vie humaine, qui sont aujourd’hui des questions de fond qui nous préoccupent et reposent la question de la morale dans la science.

C. La morale dans la science

* « Pour éviter la guerre, il faut commencer par définir le sens des mots. » ( Conficius, dictionnaire des citations)

Les moralistes définissent aujourd’hui l’homme comme cet être mystérieux qui connaît la vérité des autres êtres mais qui a du mal à accepter sa propre vérité.

La science n’est pas une œuvre angélique, elle est humaine et pour le bien matériel de l’homme. Or l’homme n’est pas que matière, il est aussi esprit. En lui, il y a ce qui va avec la science : c’est la conscience. Ce qui heurte son esprit lui revient en rebond sur la figure. C’est cela qui a fait dire à Rabelais que «la science sans la conscience n’est que ruine de l’âme » et à Albert Einstein que la science sans la religion est boiteuse, la religion sans la science est aveugle »]

S’il y a une loi innée dans l’homme, c’est le « Tu ne tueras pas », disait Emmanuel Levinas. Cette loi lui rappelle en permanence que « Tout ce qui est matériellement et techniquement possible n’est pas nécessairement bon pour la personne qui le subit ou la société qui l’autorise ». D’où la nécessité impérative de la morale dans la science.

Depuis 1983, biologistes, médecins, philosophes, théologiens et juristes travaillent ensemble sur le projet interdisciplinaire de la bioéthique afin d’approfondir les questions délicates et complexes liées aussi bien au développement du Projet Génome Humain et d’autres recherches fondamentales sur l’identité, la localisation, l’hétérogénéité et la mutabilité des gènes constituant le patrimoine héréditaire de l’homme, qu’aux potentialités diagnostiques, thérapeutique et biotechnologiques des acquisitions scientifiques et des progrès technologiques dans le domaine de la génétique moléculaire.

Ces travaux ont pour but de contribuer à une conscience plus profonde de la valeur de la vie, en particulier à travers le dialogue avec des experts dans les disciplines biomédicales, morales et juridiques. Le génome humain n’a pas seulement une signification biologique, il est porteur d’une dignité anthropologique qui a son fondement dans l’âme spirituelle qui l’imprègne et le vivifie.


C’est pour respecter cette dignité anthropologique que l’Eglise catholique, notamment, s’inscrit pour une société où les connaissances scientifiques offrent les possibilités qu’elles peuvent pour le bien de la personne, dans le cadre de la prévention, du diagnostic et de la thérapie des maladies à base génétique, si elles se révèlent praticables et sans risques démesurés pour les patients eux-mêmes et pour leurs enfants.

Par contre, est inacceptable au plan moral, - parce qu’en opposition avec la dignité et l’égalité inaliénables de tous les êtres humains et avec la justice sociale, - tout emploi de la connaissance issue de recherches sur le génome humain et tendant a stigmatiser ou a discriminer les personnes qui portent des gènes pathogènes ou susceptibles de développer des maladies déterminées. C’est cela qui a provoqué la récente polémique autour du Téléthon.

D. Les catholiques face à leur Conscience : de l’interdit à l’éthique

Je voudrais finir cette conférence par des cas pratiques et précis où en dépit des évolutions de la technique, l’homme se souvient toujours qu’il est une conscience. Cas pour lesquels l’Eglise s’inscrit pour une société qui ne doit pas avoir pour vocation, d’organiser la mort, la mort de personne : celle de l’enfant à naître, celle du grand malade en phase terminale, celle des vieillards en fin de vie, comme l’a souligné fortement André cardinal Vingt-trois dans son discours d’ouverture de la CEEF du 01 avril à Lourdes.

La société n’a pas la vocation de modifier à volonté les génomes humains. J’ai eu l’occasion d’écouter le professeur Marie-Odile Réthoré qui a été la collaboratrice du grand professeur Jérôme Lejeune, sur le thème : « La bioéthique au service de la naissance : un chemin de crête ». Tout en insistant qu’on n’a pas le droit de juger quelqu’un qui est en souffrance, Marie-Odile Réthoré veut qu’on comprenne qu’en science tout comme en justice, l’erreur est possible. Tout n’est pas génétique, tout n’est pas équité.

Dans ce sens, l’Eglise qui est pour la vie, ne pourrait être contre la science et les techniques. En ce qui concerne le diagnostic prénatal, l’Eglise dit qu’ « à cause de la complexité des techniques du diagnostic prénatal, leur évaluation morale doit être faite avec beaucoup de soin et une grande rigueur. Ces techniques sont moralement licites lorsqu’elles ne comportent pas de risques disproportionnées pour l’enfant et pour la mère, et qu’elles sont ordonnées à rendre possible une thérapie précoce ou encore à favoriser une acceptation sereine et confiante de l’enfant à naître » (JPII, L’Evangile de la vie)
Déjà en juillet 68 avec l’Encyclique Humanae vitae qui déclare illicites les moyens artificiels de contraception, les évêques de France par la lettre pastorale du 8 novembre 68, montraient combien l’Eglise reste à l’écoute des chrétiens en réelle difficulté et dans la nécessité de faire usage de ces moyens artificiels : « La contraception ne peut jamais être un bien, disait les évêques de France. Elle est toujours un désordre, mais ce désordre n’est pas toujours coupable. Il arrive en effet que des époux se considèrent en face de véritables conflits de devoirs »

Les évêques renvoyaient discrètement les catholiques à leur conscience. S’interroger sur la contraception est une démarche éthique avant d’être religieuse, affirme le théologien Xavier Lacroix.

L’Eglise n’a jamais été contre la science et les progrès de la technique, l’Eglise est et sera toujours contre la mauvaise volonté et le désir cupide de ceux qu’on appellerait aujourd’hui les IBR : Intelligents, Beaux et Riches. On veut l’amour pas l’enfant ; On veut l’enfant pas la gestation ; On veut la gestation pas la souffrance de l’enfantement ; On veut un garçon et pas une fille… Autant de sélections et de discriminations pour un monde idéal… Le monde idéal n’existe pas et on ne saurait le faire exister à coup de sections surnaturelles.

Certains de ces IBR militent aujourd’hui dans l’association pour le droit de mourir dans la dignité DMD. Sans m’attarder sur le cas de Vincent Humbert et tout récemment celui du jeune Remy Salvat, je ne vous apprends rien en disant que c’est l’ADMD qui s’est emparée de la situation de Chantal Sébire retrouvée morte le 19 mars 2008. Son objectif principal était de relancer le débat sur la légalisation de l’euthanasie, contre la loi Leonitti votée à l’unanimité par le Parlement le 22 avril 2005.

Un cortège de bons et loyaux services s’est empressé autour de la pauvre Chantal Sébire, non pas pour l’aider vraiment, mais pour leur propre cause : Le Dr Bernard Senet qui a accepté de l’aider à mourir si la justice le permettait est membre actif l’ADMD ; Me Gilles Antonowicz qui a accepté d’être son avocat est vice-président de l’ADMD ; Jean-Luc Romero qui s’est fait son porte parole est le président l’ADMD… Les médias s’y sont mêlés à grande pompe… On comprend que la manipulation ne fait plus aucun doute. Est- c’est cela que voulait vraiment Chantal Sébire ? N’a-t-elle pas été instrumentalisée ? Paix à son âme !

Les uns après les autres, les pays européens légalisent l’euthanasie et les médias profitent des affaires pour relancer le débat. Actuellement, en France, une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie circulerait parmi les parlementaires. Députés et sénateurs subissent, depuis plusieurs semaines de lourdes pressions de la part du lobby de l’euthanasie. Mais, la première question est d’abord de développer les soins palliatifs et de continuer à combattre la douleur et la souffrance, et beaucoup reste à faire en ce domaine, malgré l’aspect positif de récentes déclarations gouvernementales. Tout l’enjeu est l’accompagnement de la fin de la vie, quelque chose peut toujours être fait pour quelqu’un qui souffre, pour soulager, accompagner l’angoisse, prendre soin. Mais une société, qui veut éradiquer la souffrance, en vient très vite à éradiquer les souffrants. Le Cardinal autrichien Christoph Schönbon disait récemment à la télévision : « L’Europe a dit trois fois non à son propre futur (non à « Humanae Vitae dans la foulée de mai 68 ; non à la vie en votant les lois sur l’avortement en 1975. Elle s’apprête à dire un troisième non à la vie avec les menaces qui pèsent sur la famille) … Ceci n’est pas d’abord une chose morale ; c’est une question de faits : l’Europe meurt pour avoir dit ‘non à la vie’ »

Mercredi 9 avril 2008, Lydie Debaine qui avait reconnu avoir tué sa fille unique, handicapée motrice cérébrale de 26 ans, a été acquittée par la cour d’assises de Val-d’Oise. Elle était accusée d’avoir donné plusieurs cachets d’anxiolytiques à sa fille avant de la plonger dans une baignoire pour la noyer le 14 mai 2005.

Sans méconnaître la situation dramatique de Mme Debaine, son profond désarroi et sa grande souffrance, il semble que le ministère public avait le devoir, dans le souci de l’intérêt général, de requérir l’application de la loi et la condamnation de l’accusée. Je crois que psychologiquement et moralement, cette condamnation aurait pu aider Lydie à faire son deuil et à soulager sa conscience. Les déclarations de son avocate posent quand même beaucoup de questions sur l’infanticide des handicapés et des nouveau-nés handicapés : mettre à mort un handicapé par amour n’est donc pas un crime !!! « Cet acquittement, disait-elle, ne doit pas être interprété comme un permis de tuer, mais comme la reconnaissance d’un acte juste, d’un acte d’amour ».

Le procureur général de la cour d’appel de Versailles, Jean-Amédée Lathoud qui fait appel à la décision dit : « ce verdict d’acquittement pourrait (…) être compris comme un encouragement à l’atteinte volontaire à la vie des handicapés qui méritent notre protection et notre soutien ».

Le collectif des Parents contre l’Handiphobie a lui aussi exprimé son inquiétude et même son angoisse face aux doutes que les applaudissements à l’annonce de l’acquittement de Mme Debaine distillent dans notre société. Il appelle à un sursaut des consciences : « Sans vouloir peser davantage sur les épaules de cette mère, nous regrettons que cet acquittement lance un message ambivalent dans un contexte où les personnes lourdement handicapées et dépendantes ont besoin d’être rassurées sur les intentions de la société à leur égard ? Cette décision enfonce chacun de nous dans sa part d’ombre. Un sursaut est nécessaire pour ne pas glisser dans la confusion (…) Nous parents d’enfants handicapés, nous avons besoin d’un message fort de la société qui nous rappelle que toute vie, même affaiblie, a du prix à ses yeux »

Il en est de même pour le cas des parents qui attendent un enfant qui s’annonce différent : trisomie 21 ou 18… Michel Aupetit qui est professeur d’éthique médicale à l’université de Créteil dit avoir accompagné une femme, qui après avoir avorté d’un enfant handicapé, a fini par adopter une petite fille trisomique, dont Michel Aupetit est le parrain…

Aujourd’hui dans des crématoriums des hôpitaux de France : 220 000 fœtus sont incinérés chaque année, souvent parce que les parents ont voulu avoir un garçon… l’enfant attendu serait handicapés…la mère mineure à qui ont a conseillé le préservatif est quand même tombée enceinte…Cette pollution, personne n’en fait cas…

Des chiffres sont accablants :
- Dans l’Union Européenne, un avortement toutes les 27 secondes, 133 à l’heure ;
L’avortement est la première cause de mortalité en Europe.
- Dans l’UE, un mariage se rompt toutes les 30 secondes. Entre 1980 et 2006, le nombre de mariages a diminué de plus de 737000, une perte de 23,9%.
- Sur 5 209 942 naissances, 1 766 733 se sont produites en dehors du mariage, soit 50,5% ; 80% de la croissance démographique est due à l’immigration ; en 2006, le taux de fécondité était de 1,56 enfant par femme. En Allemagne, aujourd’hui, 100 parents ont 64 enfants et 44 petits enfants ; en deux générations la population allemande hors immigration diminue de moitié.
- Les foyers européens sont de plus en plus solitaires : dans l’UE, un foyer sur 4 compte seulement une personne.
- Le Parlementaire britannique vient d’autoriser les chercheurs à réaliser des embryons hybrides humains-animaux ; ils pourront ainsi transférer des cellules humaines dans des ovocytes animaux desquels a été retiré leur ADN de façon à disposer de cellules souches pour la recherche, cellules qu’ils seront cependant tenus à détruire avant le 15ème jour de vie. L’union homme-animal, même se elle n’est pas sexuelle, représente une horreur qui a toujours été le plus fermement condamnée. Rompre cette barrière ouvre la porte à des monstruosités qui peuvent se révéler lourdes de conséquences pour l’humanité tout entière.

Depuis l’affaire de l’Arche de Zoé, en Afrique on ne comprend pas le contraste entre 220 000 I.V.G. en France et la présence de près de 10 000 couples Français qui se bousculent aux portes de l’Agence Française pour l’Adoption (A.F.G.)
Cf. : rapport de Jean-Marie Colombani.

Certes que toutes ces situations ‘hors norme’ désemparent les familles : ce n’est pas l’enfant qu’ils attendaient ; ce n’est le visage qu’ils aimeraient avoir ou la condition de vie qu’ils auraient aimé vivre… C’est pourquoi le dialogue avec les premières personnes qu’ils voient a un rôle très important dans la décision à prendre. La vraie question, c’est pourquoi une telle décision peut être prise ; pourquoi une société riche comme la nôtre n’est pas capable d’accueillir la vie, même dans des situations de détresse. On ne résout pas le problème en supprimant le malade. Comme l’interruption est possible, on ne recherche pas d’autres solutions.

De toutes les façons, dans tous ces différents cas, ce que l’on juge, ce ne sont pas les personnes, ni même une situation. On juge un acte : quelles que soient les raisons de l’avortement ou de l’euthanasie, quelle qu’en soit la manière, il n’en reste pas moins qu’une vie est arrêtée. Cependant, même si l’acte est mortifère pour l’enfant, le vieillard ou la personne en fin de vie et pour celui qui l’accomplit, la personne est accueillie par la miséricorde de Dieu. Il n’y a pas d’acte qui coupe de l’Eglise définitivement

L’Eglise s’inscrit pour une société où la liberté de conscience est non seulement affirmée formellement, mais encore qu’elle soit effectivement possible et respectée dans les domaines de la recherche comme dans les services de soins qui visent à soulager la souffrance autant que possible, une société des IBS : Intelligents, Bons et Sages où la science ne devient pas avec l’argent maîtres de la vie, mais serviteurs de la vie.

Depuis vingt siècles, L’Eglise vole au secours des malades et des mourants, des faibles, des pauvres, des handicapés, des exclus de nos sociétés. En face l’ADMD, l’Eglise soutient l’ADV (association pour le droit de vivre).

Pour un chrétien conscient, rien n’est plus décisif pour la vie et pour la vraie dignité de l’homme que les questions d’éthique fondamentale. Toute vie doit être respectée et aimée. Tout homme est une histoire sacrée, l’homme est l’image de Dieu. Comme le soulignait Jean-Paul II à Sienne en 1980, vouloir « tuer l’enfant dans le sein de sa mère, c’est vouloir supprimer directement l’humanité elle-même » Le premier droit de l’homme, c’est le droit d’exister.
J’aurais encore beaucoup de choses à dire, mais nous devons préserver du temps pour que, vous aussi, vous puissiez parler dans cet échange sur l’actualité. Emmanuel Mounier disait que « devenir une personne, c’est être capable de prendre la parole dans l’espace public et de témoigner. » Ce que je voudrais demander aux chrétiens et tous les hommes de bonne volonté ce soir, c’est d’avoir le courage de devenir des « personnes ».

Je voudrais remercier, pour terminer, toutes les familles qui disent oui à la culture de la vie, leur témoignage est sans prix et portera du fruit. Quelle joie de rencontrer de telles familles où les enfants sont autant de dons de Dieu accueillis comme fruits qui unit les parents. Sans la famille, sans le « oui à la vie », il y a de futur ni pour la société, ni pour l’Eglise. Culture, Religion et Science n’ont de raison d’être que pour la vie.
Merci pour votre attention.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bastante bom seu post. Adorei tudo que diz e também assino embaixo, porque concordo com a maior parte das coisas que você
pensa sobre o matéria.